Edito du 19 juin 2016

Chers amis, en pensant à ce dernier « édito » me revenait les mots de notre Archevêque lorsqu’il m’a installé comme votre curé le 13 septembre 2009.
En voici quelques extraits auxquels je joins, vous le savez bien, mon immense reconnaissance !

« Pour Jésus qui les interroge – « pour les gens qui suis-je ? » (Mc 8, 27), les disciples se font l’écho de réponses diverses : « Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » (Mc 8, 28). Mais nous arrivons à ce moment charnière lorsque le Christ pose lui-même cette question à ses disciples. Ce n’est plus simplement alors une question théorique : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (…)

Pour aujourd’hui, sans forcer beaucoup notre mémoire, nous pouvons nous rappeler que les signes de la vie chrétienne que nous donnons à travers nos pauvres manières de vivre suscitent autour de nous également des questions et des prises de position. De plus, notre communauté chrétienne de St Germain-des-Prés se trouve immergée dans une société et des cultures auprès desquelles les paroles du Christ, même à travers ce qu’il en reste dans la mémoire inconsciente de beaucoup de gens, continuent à provoquer des réactions diverses. (…)

Et c’est ici que se dévoile l’enjeu de la question posée par Jésus. Car, pour dire aujourd’hui ce bien autre chose qu’est le Christ, celui-ci n’a que nous, nous qui sommes ses disciples et à qui il demande : « Et pour vous, qui suis-je ? », c’est-à-dire : « Et vous que dites-vous de moi autour de vous ? Comment parlez-vous de moi ? Comment partagez-vous ce que vous connaissez de moi ? »(…)

Pour répondre, il nous faut prendre acte qu’être attachés au Christ – ou attachés aux valeurs évangéliques, ce qui est encore plus flou– ne suffit pas. Nous ne sommes pas vraiment ses disciples si nous nous contentons d’une simple acceptation de son identité de Fils de Dieu, de Sauveur ou de Rédempteur. Le contenu de notre relation avec le Christ ne doit pas être simplement de venir au secours de la victoire quand il fait des signes magnifiques ou des discours puissants. Nous le reconnaissons vraiment comme Messie dans la mesure où nous acceptons de le suivre jusqu’au bout, de renoncer à nos rêves et à nos illusions, pour faire face à la réalité de l’existence humaine. (…)

Devenir disciple du Christ, c’est discerner comment nous pouvons nous mettre au service de nos frères aujourd’hui en 2009 : combattre la violence, le mépris, la pauvreté ou le déni de la dignité de chaque personne dans le monde. Dans l’Eucharistie ou de bien d’autres manières, il faut que les signes que nous pouvons donner de la vigueur, de la joie et de la force de ce que nous vivons dans notre communauté chrétienne apparaissent au vu et au su de tout le monde, portes ouvertes sur la ville. Car ces signes sont prophétiques : ils ne reflètent pas simplement le fonctionnement de notre vie chrétienne mais sa mise à disposition, au service de tous les hommes. (…)

C’est au service de ce travail spirituel que le curé est envoyé parmi vous. Il ne vient pas simplement pour répondre à vos attentes et confirmer vos désirs et vos pensées. Il vous est donné pour stimuler, provoquer et ouvrir de nouvelles questions et de nouveaux chemins. Il peut vous faire découvrir ce que veut dire aujourd’hui ‘renoncer à soi-même’ et ‘accepter de perdre sa vie’. »

Père Benoist de Sinety