Heureux, bénis, sanctifiés !
Après une série d’épiphanies (visite des mages, baptême au Jourdain, installation au bord du lac), nous entendons ce dimanche le premier enseignement de Jésus qui inaugure le sermon sur la montagne (Mt 5-7). « Heureux les pauvres de cœur » : les béatitudes choquent nos oreilles, surtout si nous les comprenons comme une description de l’état du monde, ou comme une leçon de morale abstraite et volontariste. Nous risquons alors de penser qu’elles ne s’adressent qu’à des religieux ou à des saints. Ou au contraire, être tentés d’en appauvrir le sens et l’exigence : la pauvreté, la douceur, les pleurs ne devenant que des attitudes pseudo-spirituelles. Spontanément, nous n’avons pas toujours envie de vivre ces béatitudes paradoxales.
Les versets qui précèdent ce discours du trône nous éclairent : Jésus gravit la montagne, lieu de l’alliance et du don de la loi. Les foules s’attroupent et parmi elles émergent des disciples qui veulent recevoir une parole de vie pour suivre Jésus et sont suspendus à ses lèvres. Ces béatitudes révèlent le visage du Christ. Nous pourrions les reprendre une à une pour découvrir comment lui seul les a pleinement vécues jusque dans sa passion, sa mort et sa résurrection. Mais elles racontent aussi l’histoire des prophètes d’Israël, inlassablement consolés par Dieu. Elles dessinent le portrait des saints, chacun étant éclairé par l’une ou l’autre béatitude. Elles tracent enfin le chemin de tous les baptisés appelés à recevoir la consolation, la vision de Dieu, la miséricorde, la justice, la paix et à s’appuyer sur Dieu pour vivre en ce monde.
En route, soyez heureux, c’est-à-dire bénis, recevez la bénédiction de Dieu pour devenir une bénédiction pour vos frères, vivez de la sainteté du Christ pour être sanctifiés avec lui et témoigner de sa lumière. Cet Évangile est aussi celui du jour de la Toussaint ! Ces béatitudes sont la promesse d’un bonheur donné par le Christ, du don de sa vie qui nous entraîne à donner notre vie,
jusqu’à être persécutés, et à en recevoir une joie éternelle.
Père Jean-Baptiste Arnaud